Ce soir, bien résolu à vivre une des dernières chasses de la saison, et à peine remis de la chasse du 10 septembre, je quittais mon travail plein d'espoir. Pourtant, et malgré la présence d'un majestueux Cb au dessus du Jura, la situation ne se présentait pas pour le mieux. Les tours convectives naissant ça et là au dessus des Alpes semblaient se déliter bien rapidement, et je me résignais à contempler les congestus au dessus des Alpes. Pourtant, et comme il me restait un peu de gasoil dans le véhicule, je décidais de ne pas lacher le morçeau.
Un peu, mais pas tout à fait par hasard, je prenais la direction du sud. De magnifiques congestus situés au sud captaient mon regard. Omettant de bifurquer à Annecy, je poursuivais ma route vers le sud, en direction de... n'importe quel orage

Mon voeu fut rapidement exhaussé. A la vue de la base de l'énorme congestus, Cb en devenir, l'excitation revenait et je me dirigeais vers la zone sombre.

Chemin faisant, l'énorme nuage prenait de la consistance, et je m'enfonçais dans ses entrailles. A la recherche d'un point d'observation, je constatais de premiers signes d'activité électrique. Me postant près d'un champ, 15kms au sud de Chambéry, je détaillais avec gourmandise les contrastes du nuage que le coucher de soleil accentuait. J'installais rapidement le matériel et commençais ma scéance photographique.

Soudain, une forte détonation me faisait sursauter. Les agriculteurs lançaient des fusées dans les entrailles du cumulonimbus.

Le nuage répondait, en se moquant, par quelques coups de foudre bien sentis...

Je percevais à présent des lueurs dans mon dos et décidait de poursuivre ma chasse depuis un point de vue approprié. Le tonnerre grondait dans la vallée et je me plaçais face à des tours télécom, chacun aura compris


Si la foudre dédaignait les pylones, elle se donnait en spectacle sur les versants des montagnes.


Peu actif, cet orage semblait avoir déchargé toute son électricité. Mais un rideau de pluie se rapprochait et je jugeais raisonnable de m'écarter un peu. La nuit tombait, et quelques lueurs dessinaient le contour des massifs.

On m'appelait et me signalait un regain d'activité près de Annecy. Je reprenais la route, croisant Chambéry, et stoppais sur une aire de repos à mi-chemin de la maison. L'orage tirait ses dernières cartouches et m'autorisait quelques photos supplémentaires.

Finalement, il s'éteignait dans un dernier coup de foudre ramifié que j'observais de loin.

Il est 23h, le calme est revenu. Témoin du temps, et de l'éphémère nature d'une cellule orageuse, j'imagine déjà d'autres aventures, demain, ici ou ailleurs, seul face aux éléments ou avec mes amis de chasse...
Chris