En ce début mai, je n'attends pas grand chose de la situation. Les modèles montrent une dynamique un peu molle et un petit risque d'orage dans les Alpes. Rien de comparable cependant avec les prévisions pour l'ouest et le centre de la France. Je me tiens néanmoins aux aguets et ma patience sera récompensée. Au sortir du travail le ciel est favorable, les cumulus bourgeonnent avec vigueur et j’aperçois un congestus en direction de l'Isère. Olivier me contacte et se met en attente sur le lémanique. Pour ma part, je file à la maison, charge le matériel, fais un dernier point météo, et prends la route en direction d'un spot favori. Première embuche, mon spot habituel est inaccessible, la petite chasse se présente mal. Dans ma région la chasse a ceci de particulier que d'un versant de montagne à l'autre l'ambiance est différente. La situation est particulière ce soir. En effet, le flux est d'est pour le moment, tandis que quelques dizaines de kilomètres plus au nord il est d'ouest.
Je décide de prendre le tunnel du chat et de me poster côté ouest. J'observe les cumulifications et quelques rideaux de pluie quand le tonnerre se fait enfin entendre. Alleluia ! Rien d'exceptionnel cependant, je repasse côté est. 20 minutes plus tard, Bingo. Le ciel s'assombrit au dessus du Revard et j'observe quelques impacts de foudre en face. Je me place sur un parking près du tunnel et capture mes premiers éclairs de jour pour cette saison.

Assez rapidement, l'intensité électrique diminue, mais des flashs attirent mon attention. L'activité reprend sur le flanc ouest. Je replie rapidement et me poste à nouveau de l'autre côté. le spectacle devient intéressant. Avec pour toile de fond le coucher de soleil, l'orage gronde et crache des coups de foudre réguliers. Le flux a changé, la cellule vient de l'ouest. L'ambiance devient électrique, je suis à l'avant de l'orage. Il fait lourd, le temps semble suspendu, l'action est devant moi, et les coups de foudre sont de plus en plus fréquents. Parfois, un coup de tonnerre plus proche craque puis résonne dans les montagnes avec un son caverneux. Le coucher de soleil adoucit cette scène généralement plus dramatique.


L'orage est vraiment proche, les éclairs ne rentrent plus en entier au 35mm. Le ND8 mange une partie du spectacle, je le sais, mais il est essentiel d'allonger le temps de pose et je n'hésite pas à fermer l'objectif (F/10 > F/16).

Le soleil a disparu et je me dis qu'avec un peu de chance je ferai une nocturne...

Finalement, les premières gouttes arrivent, je sors rapidement le deuxième boitier et le grand angle et continue à 12mm de focale.

Un déluge s'abat sur la montagne, je ne peux plus photographier. Le matériel est mis à l'abri puis je repasse le tunnel. Quelques coups de foudre puissants illuminent le ciel d'Aix les Bains, mais ils ne sont pas fréquents. Comme il pleut averse, je décide de me restaurer rapidement puis de repartir à l'action. Cet intermède est fatal. L'orage ne dure pas et je ne capture plus rien de nuit.
Ce soir, la nature s'est montrée généreuse. Je pense néanmoins à ceux qui ne vivent pas les orages comme nous, mais qui les subissent, car ce lundi 02 mai, d'autres orages sont plus fort, plus dévastateurs, dans l'ouest. Ils laisseront sans doute des séquelles dans les régions traversées.
Chris