ARTICLES DE JOURNAUX
PORT-DES-BARQUES. Des dégâts très importants à la serre horticole portbarquaise« Ma saison est fichue »
"L'accès reste dangereux, sous les voutes vitrées de la serre.( Photo Jean-Pierre Sarazin)
La tempête de grêlons de lundi soir, localisée sur quelques communes de l'estuaire de la Charente, en a sonné plus d'un. Les dégâts occasionnés dans les champs sur les cultures céréalières et dans tous les jardins potagers sont très importants.
A Port-des-Barques, les serres horticoles de Paul Pescheux, situées avenue de Saint-Nazaire, sont dévastées ; plus de la moitié de la surface vitrée a explosé, toutes les vitres exposées à l'est sont brisées.
Jusqu'à présent, il en a dénombré plus de 600 à remplacer ; avec un rapide calcul, il explique que « cela va faire plus de 5 tonnes de verre à ramasser, débarrasser et remplacer, et cela ne peut se faire qu'avec l'intervention d'une entreprise spécialisée, qu'il reste à trouver ; ma saison est fichue », dit-il découragé.
L'intérieur des serres reste très dangereux, de gros morceaux de verre continuent de se détacher et écrasent davantage ce qui se trouve dessous ; l'accès est impossible et tenter de sauver ce qui peut l'être est dangereux.
L'horticulteur précise : « J'ai évalué en gros les dégâts, il y en pour plus de 160 000 euros avec la remise en état de la serre ; la perte est beaucoup plus importante comparée aux dommages subis pendant la tempête de 1999. Déjà, avec celle de février dernier, j'ai perdu deux tunnels - qui n'ont pas été pris en compte par l'assurance. »
(Sud Ouest édition du ? )
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L'ORAGE DE GRÊLE A DÉVASTÉ LA CHARENTE HIER SOIR
Un millier d'hectares de vignes détruits, des maisons inondées, des toitures envolées, des routes coupées: l'orage a été d'une violence inouïe
Une vision apocalyptique! Mille hectares de vignes déchiquetées dans le Cognaçais et le Rouillacais. Des grêlons de trois centimètres qu'on ramasse à la pelle dans une bonne partie de la Charente. Une terre qui ressemble à un linceul. Des routes vertes de végétation. Des feux cassés. Des voitures endommagées. Des maisons inondées. Des toitures envolées. Fleurac, Mérignac, Foussignac, Vaux-Rouillac, Rouillac dévastées. L'orage a balayé la Charente d'ouest en est hier entre 17h30 et 20 heures. Un orage d'une violence inouïe.
«Je n'avais jamais vu ça en trente ans. J'ai traversé la cour en tee-shirt pour aller mettre les véhicules à l'abri. ça m'a arraché la peau du bras. C'était impressionnant de puissance. La grêle défonçait le capot des voitures», témoigne Alain Reboul, viticulteur à Fleurac, qui vient de perdre ses 15 hectares de vignes.
Il se retrouve avec cinq de ses collègues au carrefour de Bois-Noble à Fleurac. Le constat est amer. «Les bois de taille sont détruits. On ne pourra rien faire pendant deux ans. Il faut attendre que la nature reprenne son cycle. C'est catastrophique», lâche-t-il sous le choc.
La colère se mêle au désarroi. «C'est 80 à 90% de notre revenu qui s'envole. On a déjà tout perdu avec la diversification. On perd tout avec la météo.» Les mêmes réflexions reviennent. On parle de dégâts énormes non couverts par les assurances. De malédiction. Les comparaisons avec le gel de 1991 ou l'orage de Segonzac «il y a dix ou quinze ans» sont aléatoires. Le présent est plus fort. Trop fort pour contenir l'émotion.
Technicien à la Coopérative agricole de la Charente (CAC), Jean-Paul Dupouy tente de dresser un premier bilan. Il avance des chiffres. «Six millions d'euros, rien que pour le vignoble. Mais il y a aussi les colzas, les blés, les orges, les tournesols qui sont détruits.» Le spécialiste n'avait «jamais vu une zone aussi vaste, qui s'étend jusqu'en bas de Saint-Cybardeaux, touchée».
Les toits en éverite ont explosé. Le centre d'adultes handicapés de La Gachère est plongé dans l'obscurité. Le salon de coiffure de Marcillac-Lanville a les pieds dans l'eau.
Le champ de foire de Rouillac est couvert de feuilles cisaillées. «Dehors, on se croirait en janvier sous la neige. Sur les routes, ça patine» raconte une habitante qui n'en croit pas ses yeux.
Après avoir attaqué le Cognaçais, l'orage a poursuivi sa progression vers le sud du département et Angoulême avant de glisser en fin de soirée vers l'est et la Charente limousine. «Les grêlons étaient gros comme des œufs de pigeon. C'était d'une violence rare entre 19h30 et 20 heures», indique un Rupificaldien. Des lignes téléphoniques ont été coupées.
A Mornac, la grêle a traversé les toitures. Pulvérisé des ordinateurs. Des vitres ont cédé. Autour de l'église, c'est le déluge.
A Touvre, quelques centaines de mètres plus loin, la route de Montbron est bloquée par un mètre de boue à La Maillerie, en bas de la pisciculture. La mairie doit sortir les tracto-pelles.
A Soyaux, les pompiers déblaient une maison traversée par la foudre, impasse des Mimosas. Le premier étage est tombé. Les habitants, qui regardaient la télévision, sont sortis à temps.
A Angoulême, le tunnel de La Grand-Font est fermé. Les inondations interdisent l'accès.
A Villebois-Lavalette, les résidents de la maison de retraite se réfugient au premier étage. Il y a quarante centimètres d'eau au rez-de-chaussée. A Roumazières, la toiture du concessionnaire auto s'écroule sous la grêle. Les jardins sont broyés. «Tomates, salades, patates, il n'y a plus rien. ça commence juste à se calmer. C'était complètement fou», confie une habitante vers 22 heures.
L'orage a des soubresauts jusqu'au cœur de la nuit. De quoi provoquer des cauchemars."
(Sylviane CARIN, Sud Ouest édition du 12 mai)
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GRÊLE. Les terres agricoles de Brie-sous-Barbezieux ou Saint-Aulais sont détruites presque à 100 %Aucune récolte pour 2009
Jean-Pierre Élion et Patrick Huneau, viticulteurs et maires, n'ont aucun espoir pour les vignes.( Photo C. C.)
«Acause de cette grêle, on est revenu deux mois en arrière, en hiver. La vigne devrait être verte », explique Jean-Pierre Élion, viticulteur et maire de Brie-sous-Barbezieux. Sauf que cette fois, il n'y aura plus de printemps. Les terres des huit agriculteurs de la commune comme la dizaine de Saint-Aulais-la-Chapelle sont ravagées par la grêle de lundi dernier. « Les vignes sont détruites à 100 %. Plus de grappes, de pousses et même de bois. Pour les céréales comme le blé dur ou les orges, tout espoir de récolte est perdu. Les récoltes de printemps sont hachées. L'éleveur de volailles a subi des coulées de boues. Et même les prairies naturelles sont touchées. Il n'y aura pas de fourrage et de paille pour l'éleveur de la commune » énumère Jean-Pierre Élion.
De mémoire d'homme
« On n'avait jamais vu cela. De mémoire d'homme, les pires épisodes de grêle n'avaient touché que 20 à 30 % du vignoble. Et pas sur une bande aussi large de territoire », confirme Patrick Huneau, le maire de Saint-Aulais. Sur les 130 hectares de sa commune, 110 sont concernés. Au mieux, si une partie de la végétation repousse, ils espèrent 10 à 20 hectolitres par hectare, là où ils en récoltent 130 habituellement. « On espère l'arrivée des contreboutons dont certains étaient déjà sortis, même s'ils sont moins fructifères. Mais on n'a pas d'antériorité sur ce type de phénomène, aussi tôt dans la saison », confirme Jean-Pierre Élion. Pourtant, les viticulteurs doivent continuer à travailler. « La grêle favorise l'apparition du mildiou. Il faut donc traiter en prévention. Il y a aussi les risques de nécrose bactérienne pendant la cicatrisation de la vigne. Même les lattes (NDLR : branches de l'année précédente) sont endommagées », s'inquiètent les deux viticulteurs. Et là encore, c'est le scénario le plus mauvais qui se réalise. L'arrivée de la pluie complique le traitement et la repousse. « Une température plus élevée aurait pu peut-être faire sortir les yeux dormants », regrette Jean-Pierre Élion.
Deux années dures à prévoir
La catastrophe climatique de lundi a anéanti les espoirs de récolte pour cette année, mais pour l'année prochaine aussi. « La pousse de cette année, c'est la taille de la récolte 2010. On sait déjà qu'elle ne sera pas bonne. On se prépare à deux années difficiles. On présageait pourtant une bonne récolte », annonce Patrick Huneau. Les viticulteurs envisagent déjà les conséquences de cette perte sèche de revenu, car les charges constantes voire en augmentation. « Ces dernières années, après la crise, on avait investi. Les emprunts continuent à courir. Les impôts et la Mutuelle sociale agricole (MSA) vont augmenter puisque l'année dernière était une bonne récolte », explique le maire de Saint-Aulais. « Même nos charges de main-d'oeuvre vont rester constantes. Le peu qui va sortir, il faudra qu'il soit en bon état. On va s'occuper de la vigne comme s'il y avait une récolte, mais sans en récolter le fruit financier à la fin », surenchérit Jean-Pierre Élion.
Un seul recours
Pour s'en sortir, les deux hommes ne voient que les pouvoirs publics comme recours. « Peut-être sous la forme d'une reconnaissance de calamité agricole ou de catastrophe naturelle ? Peut-être des prêts bonifiés pour passer le cap ? » Ils ne savent pas vraiment, mais surtout, ils ne voient pas de solutions venir « d'en haut ».
Pour les particuliers
Au-delà des problèmes agricoles, Jean-Pierre Élion dresse un pénible bilan de ce manteau de grêlons pour les 120 habitants de la commune. « Toutes les maisons ont été plus ou moins inondées. Les grêlons bouchaient les gouttières, et l'eau débordait dans les plafonds. Tout le monde a son carré de laine de verre à changer. C'est pareil pour les voitures. Même si c'est couvert par les assurances, et encore en tous risques, ce sont des franchises de 350 ? à chaque fois. »
(Cédric Citrain, Sud Ouest, édition du ?)
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INTEMPÉRIES [EN CHARENTE]. Hier soir, de Rouillac à Blanzac, de violents orages de grêle ont causé d'énormes dégâts
"On est submergé ! » Hier soir, après le passage des orages d'ouest en est dans le département, le centre opérationnel d'incendie et de secours a été inondé d'appels. « Les intempéries ont particulièrement touché les secteurs de Rouillac, Blanzac, Angoulême et La Rochefoucaud. » Le point sur la situation.
1Du « jamais vu » du côté de Rouillac
« Gros comme des petits pois ». À 18 heures, les grêlons ont assommé Rouillac en se muant en « oeufs de pigeons » ou « balles de ping-pong », selon les versions. Aucune végétation n'a résisté à l'épisode orageux. Le sol est jonché de feuilles mâchées.
Les premières caves et pas-de-porte sont inondés dès 18 h 30. La salle culturelle du « 27 » fait partie des innombrables bâtiments touchés. Les toits des voitures exposées sont criblés.
Devant la boulangerie Huron, au coeur du centre-bourg, des amas de près de 50 cm de glace étaient encore chariés à la pelle à 20 heures. La population s'organise pour réguler la circulation. Corinne et Dominique Huron n'avaient « jamais vu ça ».
Un PC de crise est monté au centre de secours. Trente-sept sapeurs pompiers s'activent sous le commandement des capitaines Charrier et Lelong dans douze engins de Rouillac, Cognac, Angoulême et de l'état-major départemental.
20 h 15, sept interventions ont été effectuées, douze sont en cours, neuf autres sont programmées. Les secours dîneront sur place.
Quelques centaines de mètres plus loin, dans la campagne, au lieu-dit Chez Fleurent, c'est « la désolation ». Plus d'électricité, voitures bloquées... Bertrand Feugnet fait le tour de ses 18 ha de vignes. « Il ne reste plus rien, plus une feuille, toutes les grappes sont par terre. »
Même consternation devant ses orges, « tous les épis sont brisés en deux, retournés ». Ses maïs ont à peine mieux résisté, « il reste quelques feuilles, mais tous sont cassés ». Impossible de dire combien de centimètres sont tombés, son pluviomètre a explosé. Heureusement son groupe électrogène permettra de nourrir les cochons.
2 Des grêlons énormes au sud de Barbezieux
« Je ne me souviens pas de grêlons aussi gros. Un orage comme celui-là, je n'ai pas dû en voir depuis 1953. » Paul Gadras, retraité à Condéon, n'en revient pas. Le demi-hectare de kiwis (actinidiens) de sa propriété est devenu hirsute. Les branches effeuillées pointent vers le ciel maudit.
« Les arbres allaient fleurir d'ici un mois et demi. Sur les 300 à 500 fruits que compte un pied, il va en rester une cinquantaine. C'est une catastrophe ».
Les grêlons sont plus gros que des pièces de 2 ?. Sur la route, les feuilles des arbres hachées menues forment une véritable patinoire.
« Les fruits sont perdus d'avance. Les pêches, les prunes, les cerises, nombreuses cette année, sont grosses comme des noisettes. Mais une fois touché, le fruit est abîmé. Il ne pourra évoluer », se désole ce jardinier.
David Perrier, agri-viticulteur, lui aussi de Condéon, inspecte ses 25 hectares de vignes : « C'est foutu ! Je pense que la récolte de 2009 est détruite à 85 %.Toutes les tiges qui portent les grappes sont cassées. Il ne reste quasiment rien. Je venais juste d'effectuer un traitement par sulfatage. Le pire, c'est qu'il va encore falloir traiter pour que les tiges cicatrisent. »
Problème supplémentaire pour certains exploitants : ils ne sont pas assurés. « C'est beaucoup trop cher. On ne peut pas se permettre. Il ne reste qu'à espérer que la zone soit déclarée officiellement sinistrée. »
David Perrier a conservé des grêlons dans son congélateur : « On ne sait jamais. S'ils veulent voir les responsables des dégâts. »
3Jardins déchiquetés et inondations à Blanzac
Hier soir vers 18 h 45 la pluie de grêlons s'est abattue avec une puissance phénoménale sur le canton de Blanzac. Le déluge a duré une bonne vingtaine de minutes, le temps de blanchir les routes et les champs d'une couche de 10 à 20 cm de grêlons compacts. Sur la RD 5 entre Chadurie et Blanzac, la visibilité étaient quasiment nulle.
À l'entrée est du bourg de Blanzac, des torrents de boue ont dévalé la colline sur une chaussée détrempée tandis qu'au centre du village les gendarmes aidaient un convoi exceptionnel à dégager la rue Marot. Très vite, les quartiers situés au fond de la vallée du Né ont été inondés. À 19 h 15 les habitants commençaient à sortir le nez de leurs habitations contemplant le désastre, des rues encore couvertes de grêlons et des jardins déchiquetés.
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Deux récoltes compromises
« Rouillac est rayé de la carte. On est abasourdi, on a les larmes aux yeux. » Hier soir, Christophe Véral, président de la Fédération des viticulteurs producteurs de Cognac, peinait à réaliser la violence de l'épisode de grêle sur le Rouillacais. Il a passé sa soirée à récolter des témoignages : « C'est tombé à Rouillac, Vaux-Rouillac, Mérignac, Fleurac, Foussignac jusqu'à Jarnac. La viticulture va devoir faire preuve de solidarité. Les premiers et les deuxièmes boutons sont touchés. Ce qui veut dire qu'il n'y aura pas de récolte en 2009, ni en 2010. » Les deux syndicats, SGV et SVBC, ont également passé leur fin de journée à mesurer l'ampleur des dégâts. La grêle, très localisée, a épargné le secteur de Segonzac mais s'est abattue sur Saint-Fort-sur-le-Né, village entre Cognac et Barbezieux. Pascal Martin, viticulteur, a assisté impuissant au déluge de grêle « pendant vingt minutes ». Les intempéries ont touché douze des ses vingt hectares de vignes. Il fera le point sur ses hectares de céréales aujourd'hui. « Le champ de tournesol était tout blanc comme s'il avait neigé. J'ai téléphoné à des collègues dans le bourg de Saint-Fort. Entre 50 et 75 % de leurs vignes étaient touchées. »
(Sud Ouest, édition du 12 mai)