Aide à la conception de votre propre prévision orageuse

Bulletins de prévisions, discussions et analyses sur les situations orageuses à venir.
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Mickaël Cayla
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Aide à la conception de votre propre prévision orageuse

Message par Mickaël Cayla »

Faites votre propre prévision orageuse

Bonjour,
Voici un petit tuto qui, je l’espère, vous aidera à composer votre propre prévision orageuse. Je vais essayer de faire simple, de vous montrer la « base » et de ne pas trop rentrer dans les détails pour ne pas vous assaillir d’information.
Vos remarques quelles qu’elles soient sont les bienvenues, si j’ai raté quelques point importants ou si vous avez des choses à rajouter, n’hésitez pas.




I]Déclenchement d’un orage et situations favorables

Pour qu’un orage se déclenche, il faut une déstabilisation de la masse d’air, soit par simple convection soit grâce à un front.

Les situation dites « de marais barométriques » sont très favorables aux orages. Ceux-ci se forment sur les reliefs en cours d’après-midi et se généralisent lors de bonnes conditions aux plaines environnantes en fin d’après-midi/soirée pour se dissiper rapidement dès la nuit tombée du fait de la baisse de température au sol et en basses couches.
Ces orages peuvent aussi se former directement sur les plaines de façon isolée si il y a présence de noyaux de convergence en basse couche.
Cette situation est caractérisée par une pression proche de la neutralité (1015hPa) avec de petites tendances anticycloniques (supérieure à la moyenne) ou dépressionnaire (inférieure à la moyenne) grosso-modo de 1010 à 1020hPa. De plus, il faut une absence de gradient de pression (que la pression ne varie pas rapidement, donc que les isobares ne soient pas resserrés) et surtout une température tiède ou chaude pour permettre une différence de température de plus de 25°C entre 1500m et 5500m.
Pour cette situation, les orages se déclenchent par simple convection du à la forte différence de température entre les différentes couches de l’atmosphère. Le relief favorise les ascendances et c'est donc la première zone concernée par ce type d'orages.
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Situation de front (front froid, chaud et ligne de grain).


Sur les cartes, le front chaud est représenté par un trait rouge avec des demies-rond à l’avant de celui-ci, le front froid par un trait bleu et des triangles à l’avant de celui-ci, et la ligne de grain par un trait noir.
En été, des orages se forment assez souvent lors d’une perturbation, entre le front chaud et le front froid ou à l’avant du front froid. En hiver, ils se formeront après le front froid dans une masse d’air fraîche et instable sous forme de traîne (averses parfois orageuses et susceptibles de s’accompagner de grésil, de petits grêlons et de bourrasques de vent). La ligne de grains produit presque toujours des orages, en hiver ils s’accompagnent de grêle/grésil, vent, fortes précipitations et petite activité électrique, (souvent des coups de foudre très puissants). En été, elle est en général bien orageuse avec de très nombreux impacts, de la pluie et du vent, parfois grêle et grésil.
Voici un exemple de carte représentant tout les types de fronts :
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Chacune de ces situations est facilement repérable sur des cartes de TPE (température potentielle équivalente) à 850hPa.
Lors de fortes valeurs de TPE quasi uniformes, on a beaucoup de chance de se trouver dans une situation de type marais barométrique :
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Lors d’un changement rapide de valeur (par exemple de 40 à l’avant et 20 une trentaine de km derrière), on peut alors localiser un front froid ou occlus, lequel pourra être à l’origine d’orages ou de fortes précipitations suivant les conditions de l’atmosphère.

A noter également des orages de talweg (prolongement d'une dépression) que ce soit en altitude ou au sol.

Ces situations sont facilement repérables sur des sorties banales de modèles comme GFS Europe avec les géopotentiels à 500hPa (environ 5500m) et la pression au sol (il s'agit de la première carte en haut de page). Les orages s'y forment de façon assez récurrente en été, mais ce n'est pas toujours le cas en hiver.
Les gouttes froides sont aussi importantes (baisse locale du champ de pression en altitude ce qui induit par détente une baisse de température à la même altitude). De ce fait, l'air d'altitude comporte des températures très froides ce qui augmente la différence entre nos deux niveaux (850 et 500hPa).



II]Conditions de déclenchement et valeurs favorables


1)Les précipitations convectives :
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C’est une carte que je trouve très utile, la convection étant génératrice de nuages cumuliformes. Les précipitations convectives sont issues de ces mêmes nuages (en pariculier cumulonimbus).
Pour trouver les bonnes situation instables de marais barométriques (développement en cours d’après-midi, se généralisant en fin d’après-midi/soirée), il faut par exemple des précipitations convectives à 14h ou 17h s’intensifiant et/ou se généralisant aux alentours.
On peut donc utiliser cette carte pour localiser les zones potentiellement orageuse, possibilité d'orages suivant les autres paramètres dès le début de la plage de couleur et surtout à partir de 1 et même 2mm.


2)L’humidité relative :
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Pour que des orages se forment il faut de l’humidité, plus sa valeur sera importante, plus les possibles orages risquent d'être violents et plus ils pourront être nombreux (il n’y aura pas qu’un seul cumulonimbus asséchant les environ). Attention tout de même au maillage de ce modèle, il peut très bien omettre de signaler une petite poche d’humidité…
Pour une meilleure indication, l'humidité à 850hPa est préférable.


3) Température potentielle équivalente :
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Comme dit précédemment, cette carte est ultra utile, pour délimiter et localiser les fronts et les zones de marais barométriques. Plus la valeur de TPE est haute plus c’est intéressant, c’est à dire, plus la masse d’air aura de potentiel. On peut associer la TPE à de nombreuses situations que vous rencontrerez au fur et à mesure de vos prévisions (grande zone de faible valeur de TPE après un front froid que vous savez désormais reconnaître par exemple).
- Zone 1, au large de la Bretagne. Cette décroissance rapide de la TPE indique un front froid actif.
- Zone 2, entre Belgique et Allemagne. Cette augmentation graduelle mais tout de même assez importante de la TPE indique un front chaud.


4) CAPE et LI :
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C’est je crois, le paramètre le plus important dans la prévision d’orage
Cette carte est composée de couleur et de chiffres délimités par des lignes.
La couleur correspond à l’EPCD (énergie potentielle de convection disponible) ou en anglais CAPE (Convective Available Potential Energy), plus la valeur est importante, plus l’orage aura la capacité de se former et plus il pourra se montrer puissant.
Les chiffres sont le LI (lifted index), c’est la température de l’air environnant à 500 hPa moins la température d’une particule d’air à cette même altitude (air environnant à 1°C et particule à 5°C = 1-5 = -4. Plus le chiffre est négatif, plus la particule d’air pourra s’élever facilement. On peut donc associer le LI à la stabilité de l'air (Plus la valeur s'éloigne de 0 vers + oo, plus l'atmosphère est stable et donc, plus la valeur s'éloigne de 0 vers - oo, plus l'atmosphère est instable.
Dans la théorie, un orage peut se former dès un LI de 0, mais dans la pratique ça ne marche pas si souvent que ça, ils se forment parfois dès 4 tandis que rien ne se passe avec une valeur de –2…

On peut donc penser à des orages lorsque le Li passe en dessous de 3 Grosso Modo et que la CAPE dépasse 100j/kg, mais c'est bien évidement à coupler avec les autres paramètres et l'intensité probable varie comme vous l'avez compris avec les valeurs de ces paramètres.


5) L’anomalie de tropopause…
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C’est un facteur important aussi sur le déclenchement des orages, il détermine une zone dynamique. Si la valeur est en haut de l’échelle (vers le rouge), on se trouvera dans une zone avec un dynamisme peu favorable à la formation d'orages mais qui semble ne pas les perturber si ceux-ci sont déjà formés. Certains orages puissants peuvent se former dans de telles situations mais en général, les grosses valeurs empêchent les développements convectifs.
Lorsque la valeur est en bas de l’échelle (vers le bleu), on se trouve sous une dépression d'altitude (au moins), il se produit alors d'intenses ascendances à l'avant. Cette situation est donc favorable au déclenchement de gros temps et d'orages.

Les valeurs standard sont autour de 1100 - 1200 Dam soit 11.000m et 12.000m. Lorsque l'on s'écarte de ces valeurs, on parle d'anomalie de tropopause.


6) Le cisaillement…
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C’est tout simplement le vent à des altitudes allant (le plus couramment ) de 850hPa à 500hPa (1500 à 5500m environ). Il existe deux sortes de cisaillement, le cisaillement de vitesse et le cisaillement directionnel. Ces deux paramètres influent sur l'organisation interne du nuage orageux et donc sur sa force. Mais si ils peuvent être à l'origine d'orages très puissants, ils peuvent aussi détruire le nuage si la CAPE n’est pas assez importante, ce n’est pas vérifié, mais je pense qu’il en faut minimum 400/500 J/kg de CAPE pour permettre à un orage de se former lors de gros cisaillements, surtout de vitesse.
Le cisaillement directionnel est la variation de la direction du vent au cour de l’altitude, plus il est important plus l’orage pourra être organisé (suivant la CAPE).
Le cisaillement de vitesse est la variation de vitesse au cours de l’altitude, même remarque que pour le cisaillement directionnel.
En regardant les 3 cartes précédente, on localise un bon cisaillement de vitesse sur la Bourgogne alors que le cisaillement directionnel y est faible.


7 ) Le vent vertical
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C’est le plus simple, le rouge (valeurs inférieures à 0) traduit des ascendances donc l’élévation de l’air, indispensable à la formation d’orage. On peut prendre le raisonnement à l'inverse et ainsi dire que les orages sont à l'origine d'ascendances. Alors que le bleu traduit de la subsidence donc « l’écrasement » de l’air vers le sol, empêchant toute cumulification. Attention au maillage de ce modèle qui donne surtout des indications pour les dégradations de grande envergure ou pour des prévisions générales.
Les orages jouent le rôle d'une pompe, ils aspirent l'air chaud et humide (ascendance) et rejettent avec les précipitations l'air froid (subsidence).
Des dipôles ascendance-subsidence visibles avec un tel maillage peuvent être à l'origine de grosses cellules organisées.


8 ) Le sondage
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C’est un outil très intéressant car il permet de visualiser directement la plupart de ces paramètres.
Les altitudes sont inscrites en mètre à droite et en hecto Pascal à gauche.
Même si tout le graphique est intéressant, la zone la plus intéressante s’étend de 850hPa à 500hPa.
La zone se situant sous 850hPa correspond à l’alimentation en air chaud, il ne faut pas que sa course soit arrêté ou freiné par des inversions. D’ailleurs, sur ce graphique, aucune inversion n'est présente (la courbe de température ne fait pas un gros crochet vers la droite).
850hPa correspond environ à la base de notre futur cumulonimbus suivant les situations, il faut qu’entre ce niveau et 500hPa, la température fasse un écart d’au moins 24°C. Plus la courbe de température se tend rapidement vers la gauche, plus la température aura une rapide décroissance. Si la courbe de température suit une ligne de température ou s’élève verticalement (à cause du maillage et de difficultés de telles modélisations, il arrive fréquemment que la température reste la même sur une certaine distance alors que celle-ci était prévue diminuer lentement), on parlera d’isothermie (zone de même température).
Dans nos contrées, la tropopause (limite supérieur du nuage orageux) se trouve entre 10000 et 13000m suivant la saison et la latitude. Même parfois moins en hiver et parfois plus en été.
La vitesse et direction du vent sont symbolisées sur la droite du graphique par des barbules, si vous ne connaissez pas, plus la flèche est grosse et comporte de traits au bout, plus le vent est fort. Un triangle placé à l'extrémité du trait indique un vent moyen d'environ 90km/h, et donc ainsi de suite avec à nouveau des traits en plus du triangle.
Plus la courbe bleu clair (point de rosée) de rapproche de la courbe rouge (température sensible), plus l’hygrométrie sera forte.

Ne prenez pas un sondage "prévision" à la lettre, même si l'hygrométrie n'atteint pas 100%, un nuage pourra être présent ! Sûrement au dessus de 95 et même 90% au dessus de 850hPa. Et même parfois au dessus de 70/75%, et même avec parfois beaucoup moins d'humidité lors d'orages et de forçage de couche sèche (favorable aux rafales humides).


Voilà, si vous avez des choses à rajouter, à étoffer, des termes à mieux expliquer ou si je me suis trompé, n’hésitez surtout pas à le signaler.


EDIT du 29 août 2008:

Afin de ne pas toujours regarder 50 modèles, vous pouvez consulter uniquement GFS puis son ensemble afin de regarder si il surestime, sous estime l'ampleur de la dégradation.
le digramme est disponible à cette adresse :
http://www.meteociel.fr/modeles/gefs.php

Il suffit alors de cliquer où vous voulez pour obtenir un beau diagramme.
Celui-ci par exemple:
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Vous remarquez que GFS (la ligne noire) est similaire à la moyenne des scénarii (ligne rouge), du moins jusqu'au lundi 1er à 0h). Vous en jugez donc que GFS ne devrait pas être loin de ce qui se passera vraiment.

Ce diagramme ne sert pas uniquement à ça, il permet de connaître le potentiel dont jouira votre orage. En effet, plus la différence de température entre la base et le sommet du nuage est importante, plus l'instabilité est forte et donc, plus les ascendances seront intenses. A titre d'indication, il faut une différence d'au moins 24°C entre 1500m (850 hPa) et 5500m (500hPa) pour qu'un cumulonimbus puisse se former.

Sur ce diagramme, vous voyez que pour lundi 0h (ligne grise avec 01/09) la ligne rouge pour 500 hPa (environ 5500m) se trouve à environ -12.5°C et que celle pour 850 hPa (environ 1500m) se trouve à environ 14°C.
Donc, 14 + 12.5 = 26.5°C
Nous avons donc une différence d'environ 26.5°C entre la base et le "centre" du cumulonimbus ce qui est témoin d'un bon potentiel orageux.
Mais il faut se référer aux autres cartes, même avec une différence de 35°C, l'orage peu ne pas se former si les bonnes conditions ne sont pas réunies, mais si il venait à se former, son intensité serait d'autant plus forte que la situation le permet.

A titre d'exemple:
24, 25 et 26°C = Petit potentiel, possibilité d'orage, la plupart du temps bien pluvieux, à voir avec les autres cartes la situation. si bonne CAPE, précips convective,... Orage au rendez-vous.
30°C = gros potentiel, grosse possibilité d'orages, à voir les autres cartes pour voir la situation, dégradation ou pas ? Les orages seront d'autant plus actifs et nombreux que la situations le permet.
35°C = Potentiel énorme, Orages modérés en été même avec quelques précipitations convectives et une petite CAPE. Faibles à modérés en hiver suivant les autres paramètres.


Retrouvez des cartes aux endroits suivant :

- Modèle GFS sous meteociel, nombreux panel de cartes, très utile : http://www.meteociel.fr/modeles/index.php
- Les fameux sondages de GFS sous meteociel, cliquez où vous voulez, à l'échéance voulue et vous saurez :wink: http://www.meteociel.fr/modeles/sondage_gfs.php
- Diagrammes sous météociel (je vous conseille tout particulièrement le diagramme ensemble GEFS) http://www.meteociel.fr/modeles/ensembles.php
- Modèle NOGAPS sous météociel (prévoit relativement bien les précipitations, surtout près de la méditerranée et cerne bien les situations) http://www.meteociel.fr/modeles/nogapse_cartes.php
- ECMWF est l'un des meilleurs modèles pour amateur, à 72h et même parfois 96h il est excellent, tendance à long terme. sous météociel : http://www.meteociel.fr/modeles/ecmwf.php
- WRF NMM sur GFS, pas mal du tout, très précis, souvent pas mauvais à court terme, mais à ne pas suivre au pied de la lettre, surtout pour les précipitations où il y a un décalage en temps et en heure. Attention aussi aux valeurs de CAPE et Li, fréquentes surestimations dans certaines situations... Sous météociel : http://www.meteociel.fr/modeles/wrfnmm.php
- Envi de prendre du recul ? Je vous conseille la version Europe de GFS, pour avoir une vue d'ensemble. Sous météociel : http://www.meteociel.fr/modeles/gfse_cartes.php
- Bon modèle pour la répartition des fronts, voici le modèle du Met Office. Sous infoclimat : http://www.infoclimat.fr/modeles/index.php?s=&d=

- NMM et son fameux maillage sous toute les coutures (source GFS ou ECMWF, je vous conseille d'ailleurs ECMWF) Corse au centre, vous ne pourrez donc pas utiliser le meilleur maillage si vous habitez à Paris. : http://www.lamma.rete.toscana.it/wrf-web/index.html
- Et le meilleur pour la fin, voici des cartes spéciales orages:
http://www.lightningwizard.com/maps/ et certaines plus utiles que d'autres, comme par exemple celle de l'indice de CAPE et de CIN (ICAPE et ICIN) qui est excellente. Forte CAPE + forte CIN = effet de couvercle, gros orages possible si ils se forment alors que faible CAPE et forte CIN ne donne rien. La CIN est représentée par les flèches, plus elles sont grosses plus la CIN est forte.
La CIN représente l'énergie d'inhibition, c'est l'inverse de l'EPCD.


EDIT du 7 février 2009 :
Merci bien de continuer à consulter ce dossier. En effet, le nombre de visites augmente de semaines en semaines.

Voici un petit point sur une carte qui vous aidera sûrement si vous avez du mal avec les sondages. D'autant plus qu'une carte permet une vision globale et non locale des choses.
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Cette carte a été créée pour nous montrer deux choses. Tout d'abord le risque de tornades et un autre paramètre, c'est le cisaillement de vitesse.
Il est d'abord évalué entre 0 et 6km par des isolignes espacées de 10 en 10 et de plus en plus épaisses à mesure que son chiffre (indiquant une vitesse) est important. Ce chiffre justement représente la différence de vitesse du vent entre 0 et 6km. Si il y a un vent de 10 km/h au sol et de 100km/h à 6000m, le cisaillement sera de 100-10 = 90km/h. Inversement, si nous avons un vent de 100km/h au sol et de 10 km/h à 6000m, le cisaillement sera de 10-100 = nul.
Le deuxième est représenté par une plage de couleur, il s'agit là également du cisaillement de vitesse, mais celui-ci est calculé entre 0 et 1000m.
Attention, l'unité de mesure de ces cartes n'est pas le km/h mais le nœud !

Les kts sont l'unité de mesure des nœuds. Un nœud vaut approximativement 1, 852 km/h


EDIT du 14 février 2009 :

Petites infos sur les barbules afin de vous familiariser le plus possible avec les sondages dont il est parfois difficile d'évaluer les vitesses à partir des barbules. Je vous ait donc concocté un tableau avec des barbules et une petite échelle approximative de leur représentation en km/h. L'échelle continue après les trois triangles, mais vous ne les verrez déjà pas de si tôt !
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EDDIT du 8 avril 2009 :
Voici quelques nouvelles cartes qui vous aideront également :
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Sur cette carte est représentée la convergence en basse-couche (0 à 2km), plus les traits en pointillés rouges sont épais et plus la convergence est importante. De plus, cette carte fait aussi état de l'épaisseur de la couche instable (correspondant à l'échelle de droite en mètre).
Plus les valeurs sont importantes et plus l'instabilité concerne une part importante de la troposphère. Ceci induit donc sur le potentiel instable dont dispose l'orage.


Sur un sondage pris sur la frontière entre la Suisse, la France et l'Italie :
Image

(cliquez pour agrandir ou visitez le lien suivant :)
http://ancien.chasseurs-orages.com/rubr ... 142260.jpg

La courbe en pointillés que j'ai tracé représente l'adiabatique humide, c'est à dire la plus faible décroissance de la température possible (en conditions normales). En gros, c'est dans une situations stable et humide, la décroissance de la température au fil de l'altitude. Mais ça ne s'observe que rarement ou bien sur de courtes distances.
L'orque cette courbe en pointillés violets rejoint la courbe rouge de température, on parle alors approximativement de point d'équilibre thermique. Cette approximation est d'autant plus juste que les basses couches sont humides.
De façon plus juste, pour trouver le point d'équilibre thermique, il faut d'abord suivre l'adiabatique sèche jusqu'au niveau de condensation par ascension avant de suivre l'adiabatique humide.
L'adiabatique humide offre une décroissance de 6°C par km, elle est représentée par les traits noir en pointillés.
A titre indicatif, l'adiabatique sèche représentée sur ce sondage par les lignes noires continues offre une décroissance de température de 10°C par km.
La température d'équilibre est l'endroit où la température est la même pour la particule et pour l'air environnant. Dans ces conditions, la particule cesse de s'élever. Nous sommes donc au sommet du nuage.

Afin d'être sûr de son coup, il est préférable de consulter la carte suivante qui indique la température d'équilibre :
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On voit qu'à la frontière entre les trois pays (là ou a été réalisé le sondage), la température du point d'équilibre excède les -60°C. Avec le sondage, les deux courbes se rejoignaient à -63°C, ce qui correspond :wink:
N'étant pas tout à fait sûr de mon raisonnement, je vous suggère de regarder la température qu'équilibre avec cette carte puis de regarder sur le sondage l'altitude à laquelle la courbe rouge atteint cette fameuse température.


Eddit du 17 mai 2009 :

Le jet correspond en fait au vent à une certaine altitude. On parlera généralement de vent au sol, de flux quelle que soit l'altitude et le mot "jet" s'emploie plutôt à très haute altitude comme 300 ou 250 hPa soit 10000 ou 11000 mètres environ.

A cette altitude les vitesses sont parfois très importantes comme dans le cas de dépression. Même si leur intérêt est certain dans la prévision globale du temps et des dépression, je le trouve très limité quant aux orages voir même inutile lorsque l'on prends en considération les autres paramètres montrés plus haut.
Néanmoins suite à la demande de Chris, voilà ce que j'ai appris des courants jet :
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En gris se trouvent entourées les entrées et sorties de jet qu'elles soient droite ou gauche. Les entrées de jet correspondent à des vastes zones de convergence d'altitude alors que les sorties correspondent à de la divergence d'altitude.
Après vous dire si les sorties sont plus favorables que les entrées, je dirais oui puisque divergence d'altitude = ascendances en moyenne troposphère. Néanmoins je n'en sais rien du tout et il paraîtrait que les sorties et entrées de jet soient toutes deux favorables... A vous de faire la part des choses.


Eddit du 2 mai 2010 :

Voici quelques informations supplémentaires sur les sondages.
Pour déterminer l'état de la troposphère, un simple regard sur différentes cartes est souvent trop vague. Il faut déterminer le profil atmosphérique. Pour ce faire, rien de mieux qu'un sondage.
Au début, le tracé s'impose, mais par la suite, vous arriverez à le déterminer visuellement :wink:

Prenons une particule d'air au niveau du sol (courbe rouge en bas du graphique sur l'image suivante) et soulevons là pour entamer le processus de convection. Au départ, on juge la couche comme sèche. On suit donc l'adiabatique sèche (décroissance de 10°C par km, elle est représentée par la courbe noire en gras) jusqu'à ce que l'eau contenue dans notre particule se condense. On appellera ce point "Niveau de Condensation par Ascension", il correspond à la future base de notre cumulonimbus et se trouve lorsque notre adiabatique sèche (issue de la température au sol) s'entrecroise avec la ligne de rapport de mélange (issue de la température du point de rosée au sol). La ligne de rapport de mélange est représentée par une courbe en pointillés marron.
Le NCA est matérialisé ici par un trait jaune foncé.

Voici le résultat de ce tracé sur un sondage (ici coupé au niveau de 880 hPa)
Image

La ligne verte est parallèle aux lignes noires en gras, elle correspond à l'adiabatique sèche issue de la température au sol.
Les carrés en magenta matérialisent plus facilement la ligne de rapport de mélange partant de la température de point de rosée au sol.
Ces deux courbes se croisent au NCA (base du nuage). L'eau de notre particule se condensant, on va donc continuer notre ascension en suivant l'adiabatique humide.

Les carrés dans une couleur indéfinissable, genre violet, sont placés de façon à former une asymptote avec la courbe noire en pointillés (correspondant à l'adiabatique humide).
Cette nouvelle courbe va croiser à nouveau la courbe rouge (représentant la température atmosphérique). On trouve alors le "Niveau de Convection Libre" qui marque l'arrivée de notre particule dans une zone ou sa température est plus chaude que l'air environnant, il y a donc poursuite de l'ascension sans qu'il n'y ait besoin de forçages particuliers.
Le NCL est matérialisé par le trait jaune.
Entre NCA et NCL se matérialise la CIN, énergie d'inhibition qui va empêcher l'élévation de notre particule. C'est à ce niveau là que des forçages sont nécessaires.
Plus la CIN se montre importante et plus les orages auront des difficultés à se former.
Néanmoins, dans le cas de forte valeur de CAPE au dessus, ceci pourra avoir un rôle sélectif qui permettra seulement à quelques orages puissants de se développer dans des zones plus favorables (forçages de basses couches par exemple).

Après le NCL, notre particule va donc pouvoir s'élever librement en suivant l'adiabatique humide jusqu'à ce que sa route croise encore une fois la courbe rouge (température atmosphérique).
C'est à partir de cette altitude que la particule va progressivement devenir plus froide que le milieu environnant ce qui va stopper le mécanisme d'ascension. On appelle ce point le "Niveau d'Equilibre Thermique, il correspond au sommet de notre cumulonimbus.

Visualisez le sondage ainsi modifié dans son ensemble en cliquant sur l'image suivante :
Image

Le trajet de notre particule est tracé en vert sauf sur ses premiers mètres ou il faut suivre l'adiabatique sèche tracée en magenta.

Vous pouvez donc déterminer visuellement la quantité de CIN et de CAPE, vous pouvez aussi calculer le Li en regardant à 500 hPa la différence de température entre la particule (tracé magenta puis vert) et l'atmosphère (courbe rouge).
Tatmosphère - Tparticule = -27.5 (-) -26.5 = -1

Ces modélisations sont disponibles dans la partie modèles de Meteociel, sous "sondage GFS"
http://www.meteociel.fr/modeles/sondage_gfs.php



N'hésitez pas si vous avez des questions, je mettrais parfois quelques mises à jour sous forme d'eddit.
Bien amicalement
mick :wink:
Modifié en dernier par Mickaël Cayla le lun. mai 24, 2010 10:27, modifié 19 fois.

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Jonathan Lamarche
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Message par Jonathan Lamarche »

Merci pour ce topic et toutes ces explications. Va falloir que je me plonge dedans quand j'aurais un peu de temps.

Juste une question : toutes ces cartes sont disponibles au quotidien sur météociel.fr ? :)

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Mickaël Cayla
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Message par Mickaël Cayla »

djoe63 a écrit :Merci pour ce topic et toutes ces explications. Va falloir que je me plonge dedans quand j'aurais un peu de temps.

Juste une question : toutes ces cartes sont disponibles au quotidien sur météociel.fr ? :)
yes ! Of course :wink: :P

Maxime Daviron

Message par Maxime Daviron »

Eh bien j'ai de la lecture ! on y va ...
merci à toi :D

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Cédric Champin
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Message par Cédric Champin »

Merci Mickaël pour ce tuto :wink: :wink: :wink:

Et oui il y a de la lecture et pour comprendre et analyser tout ça et bien il y a du boulot. :lol: :lol: :lol:

Merci beaucoup Mickaël pour ce tuto et toutes les prévisions que t nous donne. :wink:

Cédric :wink:

guycell33
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Message par guycell33 »

Merci mickaël pour toutes ces explications, je comprend beaucoup mieux les cartes maintenant :wink: :) :P
Grâce à toi, on peut savoir si ça vaut le coût de sortir ou pas et peaufiner nos prévisions... :wink:

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Walt L-Ceschia
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Message par Walt L-Ceschia »

Merci Mickaël. Ce topic est absolument génial !

Je vais prendre un week-end entier pour essayer de bien mémoriser ces paramètres, m'entraîner à lire ces cartes, et ainsi, j'espère, améliorer mes prévisions. :D

Yep ! Génial ! :wink:

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Mickaël Cayla
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Message par Mickaël Cayla »

Ouai bon, je suis pas trop rentré dans les détails te je n'ai pas parlé de tout, mais avec un peu d'expérience c'est suffisant pour faire une prévis :wink:
Bonne chance et si tu as des questions n'hésites pas.
Merci pour vos commentaires.

Loïc Mazet
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Message par Loïc Mazet »

sympa ce tuto ! :D mais où trouves tu les cartes?
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Mickaël Cayla
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Message par Mickaël Cayla »

lolo22 a écrit :sympa ce tuto ! :D mais où trouves tu les cartes?
L'aurait-tu lu pour me demander ça ? je ne crois pas, du moins pas en entier :lol:
Mais voilà trois liens:
Infoclimat mailles larges
infoclimat mailles fines
meteociel
Puis pour ce dernier descendre le menu jusqu'au sous-menu intitulé "modèles" :wink:

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Walt L-Ceschia
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Message par Walt L-Ceschia »

En fait quand je disais "améliorer mes prévisions", je devrais plutôt dire "améliorer ma compréhension" des orages.

Car dans tous les cas... je ne me fie qu'à TES prévisions !!! :D

Hé hé... Continue comme ça Mick, ton travail est parfait ! :wink:

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Message par Walt L-Ceschia »

Par contre, moi je cherche un lien vers une carte satellite (en visible) de la France plus détaillée que celle ci :

http://www.sat24.com/frame.php?html=view&country=fr

Une petite info ?
Modifié en dernier par Walt L-Ceschia le ven. juin 13, 2008 11:22, modifié 1 fois.

Loïc Mazet
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Message par Loïc Mazet »

mickaël a écrit :
lolo22 a écrit :sympa ce tuto ! :D mais où trouves tu les cartes?
L'aurait-tu lu pour me demander ça ? je ne crois pas, du moins pas en entier :lol:
Mais voilà trois liens:
Infoclimat mailles larges
infoclimat mailles fines
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Puis pour ce dernier descendre le menu jusqu'au sous-menu intitulé "modèles" :wink:
:oops: :oops: Désolé mickael et merci ! :oops: :oops:
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Message par Mickaël Cayla »

Hé hé, pas de quoi, je disais ça pour te charrier :wink:

Sinon Polarbear, je ne connais pas d'images sat plus précises, mais tu peu faire des zoom sur cette image sat :wink:

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yoyo30
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Message par yoyo30 »

mickaël a écrit :
Sinon Polarbear, je ne connais pas d'images sat plus précises, mais tu peu faire des zoom sur cette image sat :wink:
Perso, je joue sur le zoom de ma page (en haut à droite) ou en bas à droite :wink:

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