Ambiances d'avril & Nuit du 4 au 5 mai 2020 en Occitanie
Posté : jeu. mai 07, 2020 12:13
Ce début de saison aura été bien étrange. Après de timides débuts principalement orographiques au mois d'avril, photographiés depuis le jardin, j'ai finalement décidé d'utiliser ma carte "sortie de prison".
En effet, la photo étant mon unique métier, je pouvais me déplacer muni d'une attestation et d'un papier mentionnant mon siret. Malgré tout, j'aurais quand même joué le jeu et utilisé ce joker seulement à deux reprises : la première pour un flop diurne dans l'est de la Haute-Garonne, et la seconde pour cette nuit d'orages à bases élevées qui s'amenaient de l'Atlantique et qui seront venu se perdre jusqu'au milieu du Gers.
Voici un petit florilège d'ambiances printanières à domicile, et les quelques images de cette première session nocturne.
#1 | 10 Avril. Bases sombres et lumière fractionnée à travers les rideaux de pluie. Seuls quelques intranuageux viendront faire gronder l'ensemble.
#2 | 12 Avril. Crépuscule post-orageux coloré après plusieurs averses de petite grêle, générant ces brumes diffuses sur la campagne.
#3 | 24 Avril. Premier impact à peu près digne de ce nom, les véritables premiers n'étant que 10 pixels cachés au fond d'une image du début du mois.
#4 | 24 Avril. Le même soir, ce petit cumulonimbus isolé au nord attire mon attention au coucher du soleil. À l'heure bleue, les convections initiées plus à gauche donneront quelques flashs, premières vagues évocations des ambiances nocturnes qui commençaient à me démanger.
Et puis mai arrive. Normalement, c'est là que les choses sérieuses commencent. Et ça ne rate pas : pour le lundi 4, des valeurs aberrantes sont modélisées sur la côte Atlantique. Je décide initialement d'aller me caler juste au sud du Bassin d'Arcachon, avant d'apprendre que les plages et tous leurs accès sont verrouillés et surveillés de près. L'ennui de cette côte, c'est que ces accès sont rares, et que les pinèdes bloquent toute tentative de feinte. Tant pis, brûler un plein et se prendre une amende salée ne sont pas dans mes priorités en ce moment, d'autant plus si c'est pour me retrouver forcer à rester dans les terres, ou à devoir me caler dans les zones urbanisées du bassin. Je mise donc sur ce qu'Arome voit passer dans le nord du Gers en milieu de nuit, potentielles cellules annexes en marge du reste, au potentiel d'autant plus photogéniques qu'elles seraient à l'écart du gros des précipitations.
Vient la soirée, je pense à autre chose et oublie un peu ce potentiel, frustré par les images qui arrivent de la côte. J'avais prévu de partir au crépuscule pour le Gers, mais ce n'est finalement que vers 22h45 que je prend ma voiture et trace vers le nord. Les flashs sont là, la ligne anticipée semble plutôt active. Je continue mon rallye, de plus en plus pressé par ces flashs qui se changent en internuageux puis en foudre à mesure que j'approche. La trajectoire est idéale, je devrais pouvoir intercepter la ligne comme prévu. Les bases sont particulièrement élevées, et l'activité électrique est des plus esthétiques. Je finis par hésiter : m'arrêter ou continuer de m'approcher ? Mais la route n'offre pas de point de vue intéressant. Je continue un peu au nord, jusqu'à ce que, tournant la tête sur la gauche pour jeter un œil aux orages, je ne vois un formidable double impact s'abattre au-delà des collines, s'imprimant sur ma rétine. Je prends la première petite route à gauche et fonce au hasard vers les hauteurs. La vue finit par se dégager. Frein à main, trépied, sprint dans un champ, réglages. Je déclenche, enfin. Les rampants sont nombreux, puis vient un impact, révélant un début de roll cloud matérialisant l'avant du front.
#5 | 5 Mai, minuit pile.
Malheureusement la vue est "trop plate", il manque quelque chose. Je ne vais pas pouvoir composer. Les orages ayant l'air partis pour durer, je fais le difficile et décide de bouger un peu plus loin sur la route pour trouver mieux. Je continue vers le sud, rien, je reviens donc sur mes pas (enfin, roues) pour me placer à l'intersection de deux minuscules routes et d'un chemin de terre. Le front s'approche très vite, et le roll cloud – devenu massif – me dépasse, apportant avec lui un vent intense. L'ambiance est pesante, jouissive. Ces atmosphères nocturnes m'avaient manquées.
#6 | 5 Mai.
Je me retrouve dans le sillage turbulent, légèrement en marge de la pluie qui commence à tomber. L'activité se déporte au nord de ma position, mais les impacts semblent s'être arrêtés de tomber. Je profite quoi qu'il en soit, savourant chaque aspect de cette nuit électrique.
#7 | 5 Mai.
La ligne s'évacue rapidement au nord-est, ne lâchant plus que quelques timides spiders.
Voilà comment débute finalement ma saison. Elle s'annonce étrange et compliquée : l'Espagne, où je passe habituellement les deux tiers de mon temps en ce qui concerne les orages, risque de garder ses frontières fermées tout l'été. Décision dévastatrice qui semble partie pour se confirmer, mais tant pis. Il y a plus grave en ce moment que mon impossibilité à aller profiter de ce pays qui me fascine Je vais pouvoir me concentrer sur mes expérimentations en haute montagne, pousser le potentiel au maximum. Et les Pyrénées espagnoles restent accessibles, puisqu'il suffit de grimper jusqu'à la frontière. Il y aura donc sûrement des treks de quelques jours pour atteindre le piémont ou les massifs les plus reculés, de quoi donner une saveur d'autant plus intéressante aux potentielles images que j'en ramènerais.
En tout cas ça fait très plaisir et bizarre de retrouver les forums (mon dernier post ici datait de 2011), et de pouvoir développer ce genre de petits récits que je n'aurais probablement pas postés ailleurs, car trop anecdotiques. Heureux que ce projet prenne forme concrètement, après tant de temps passé à bidouiller dessus avec toute l'équipe. J'ai hâte de vous lire, et je vous souhaite une bonne saison à tous
En effet, la photo étant mon unique métier, je pouvais me déplacer muni d'une attestation et d'un papier mentionnant mon siret. Malgré tout, j'aurais quand même joué le jeu et utilisé ce joker seulement à deux reprises : la première pour un flop diurne dans l'est de la Haute-Garonne, et la seconde pour cette nuit d'orages à bases élevées qui s'amenaient de l'Atlantique et qui seront venu se perdre jusqu'au milieu du Gers.
Voici un petit florilège d'ambiances printanières à domicile, et les quelques images de cette première session nocturne.
#1 | 10 Avril. Bases sombres et lumière fractionnée à travers les rideaux de pluie. Seuls quelques intranuageux viendront faire gronder l'ensemble.
#2 | 12 Avril. Crépuscule post-orageux coloré après plusieurs averses de petite grêle, générant ces brumes diffuses sur la campagne.
#3 | 24 Avril. Premier impact à peu près digne de ce nom, les véritables premiers n'étant que 10 pixels cachés au fond d'une image du début du mois.
#4 | 24 Avril. Le même soir, ce petit cumulonimbus isolé au nord attire mon attention au coucher du soleil. À l'heure bleue, les convections initiées plus à gauche donneront quelques flashs, premières vagues évocations des ambiances nocturnes qui commençaient à me démanger.
Et puis mai arrive. Normalement, c'est là que les choses sérieuses commencent. Et ça ne rate pas : pour le lundi 4, des valeurs aberrantes sont modélisées sur la côte Atlantique. Je décide initialement d'aller me caler juste au sud du Bassin d'Arcachon, avant d'apprendre que les plages et tous leurs accès sont verrouillés et surveillés de près. L'ennui de cette côte, c'est que ces accès sont rares, et que les pinèdes bloquent toute tentative de feinte. Tant pis, brûler un plein et se prendre une amende salée ne sont pas dans mes priorités en ce moment, d'autant plus si c'est pour me retrouver forcer à rester dans les terres, ou à devoir me caler dans les zones urbanisées du bassin. Je mise donc sur ce qu'Arome voit passer dans le nord du Gers en milieu de nuit, potentielles cellules annexes en marge du reste, au potentiel d'autant plus photogéniques qu'elles seraient à l'écart du gros des précipitations.
Vient la soirée, je pense à autre chose et oublie un peu ce potentiel, frustré par les images qui arrivent de la côte. J'avais prévu de partir au crépuscule pour le Gers, mais ce n'est finalement que vers 22h45 que je prend ma voiture et trace vers le nord. Les flashs sont là, la ligne anticipée semble plutôt active. Je continue mon rallye, de plus en plus pressé par ces flashs qui se changent en internuageux puis en foudre à mesure que j'approche. La trajectoire est idéale, je devrais pouvoir intercepter la ligne comme prévu. Les bases sont particulièrement élevées, et l'activité électrique est des plus esthétiques. Je finis par hésiter : m'arrêter ou continuer de m'approcher ? Mais la route n'offre pas de point de vue intéressant. Je continue un peu au nord, jusqu'à ce que, tournant la tête sur la gauche pour jeter un œil aux orages, je ne vois un formidable double impact s'abattre au-delà des collines, s'imprimant sur ma rétine. Je prends la première petite route à gauche et fonce au hasard vers les hauteurs. La vue finit par se dégager. Frein à main, trépied, sprint dans un champ, réglages. Je déclenche, enfin. Les rampants sont nombreux, puis vient un impact, révélant un début de roll cloud matérialisant l'avant du front.
#5 | 5 Mai, minuit pile.
Malheureusement la vue est "trop plate", il manque quelque chose. Je ne vais pas pouvoir composer. Les orages ayant l'air partis pour durer, je fais le difficile et décide de bouger un peu plus loin sur la route pour trouver mieux. Je continue vers le sud, rien, je reviens donc sur mes pas (enfin, roues) pour me placer à l'intersection de deux minuscules routes et d'un chemin de terre. Le front s'approche très vite, et le roll cloud – devenu massif – me dépasse, apportant avec lui un vent intense. L'ambiance est pesante, jouissive. Ces atmosphères nocturnes m'avaient manquées.
#6 | 5 Mai.
Je me retrouve dans le sillage turbulent, légèrement en marge de la pluie qui commence à tomber. L'activité se déporte au nord de ma position, mais les impacts semblent s'être arrêtés de tomber. Je profite quoi qu'il en soit, savourant chaque aspect de cette nuit électrique.
#7 | 5 Mai.
La ligne s'évacue rapidement au nord-est, ne lâchant plus que quelques timides spiders.
Voilà comment débute finalement ma saison. Elle s'annonce étrange et compliquée : l'Espagne, où je passe habituellement les deux tiers de mon temps en ce qui concerne les orages, risque de garder ses frontières fermées tout l'été. Décision dévastatrice qui semble partie pour se confirmer, mais tant pis. Il y a plus grave en ce moment que mon impossibilité à aller profiter de ce pays qui me fascine Je vais pouvoir me concentrer sur mes expérimentations en haute montagne, pousser le potentiel au maximum. Et les Pyrénées espagnoles restent accessibles, puisqu'il suffit de grimper jusqu'à la frontière. Il y aura donc sûrement des treks de quelques jours pour atteindre le piémont ou les massifs les plus reculés, de quoi donner une saveur d'autant plus intéressante aux potentielles images que j'en ramènerais.
En tout cas ça fait très plaisir et bizarre de retrouver les forums (mon dernier post ici datait de 2011), et de pouvoir développer ce genre de petits récits que je n'aurais probablement pas postés ailleurs, car trop anecdotiques. Heureux que ce projet prenne forme concrètement, après tant de temps passé à bidouiller dessus avec toute l'équipe. J'ai hâte de vous lire, et je vous souhaite une bonne saison à tous